Pourquoi tu dois perdre tes parties ?

1 year ago

J'ai récemment compris comment la défaite et les erreurs pouvaient permettre une progression dingue, aux échecs et partout ailleurs. Voici pourquoi j’adore perdre, et pourquoi tu devrais aussi.

Toi et moi, on est des joueurs d’échecs. On veut absolument gagner, et surtout pas perdre. Mais si notre but est de progresser, la défaite peut s’avérer être un outil surpuissant.

IBM et ses 600 000 $ perdus

Thomas J. Watson a été président de la multinationale IBM (créateurs de DeepBlue !) pendant une durée absurde de 38 ans. Il a été l’un des plus grands entrepreneurs des USA dans la première moitié du 20ème siècle – à l’époque d’Henri Ford – et il est devenu un des hommes les plus riches de son temps grâce à son immense succès avec IBM.

Lorsqu’on lui a demandé s'il voulait virer un employé qui avait fait une erreur ayant coûté 600 000 $ à l’entreprise, il a répondu calmement : ‘Non, je viens juste de dépenser 600 000 $ pour l’entrainer’.

J.Watson a instinctivement compris que les erreurs étaient une opportunité pour progresser, et que l’opposé - l’absence d’erreurs - signerait l’arrêt de mort d’IBM.

On peut faire le lien avec les échecs. L'erreur et la progression sont deux jumelles inséparables, et ça s’applique partout. Pourtant, la plupart des joueurs redoutent l’erreur et la défaite.

Notre peur de l’erreur est humaine, et elle est encrée en nous pour protéger notre égo. On n'a pas envie de passer pour l’idiot qui joue des mauvais coups, alors on évite à tout prix de prendre des risques.

Le souci, c’est que l’égo prend facilement le dessus sur la progression long terme. On évite les exercices trop difficiles de peur de les rater, on propose nulle lorsque le résultat est incertain, et on la joue safe. Mais en faisant ça on rate énormément d’occasions de commettre des erreurs, et donc de progresser.

Alors comment progresser grâce à ses erreurs ?

Le processus est simple : Il faut accueillir ses erreurs avec bienveillance et s’en servir comme engrais pour notre croissance. Pendant tes parties, n’hésite pas à prendre des risques (sauf s’il y a un gros enjeu évidemment). Sors de ta zone de confort, va chercher la victoire, même contre un adversaire plus fort : secoue-le et montre-lui que t’as envie d’aller le chercher ! Ensuite ? ... Tu vas perdre. Méchamment perdre. Mais pas d’inquiétude, ça fait partie du process. Cette partie perdue, c’est un super sac d’engrais, bourrée d’erreurs que tu ne vas plus refaire. À ta place, j’aurais déjà hâte ! En analysant cette partie, prends le temps de te demander pourquoi c’est arrivé, et comment ne plus le refaire. C’est la clé de la progression, rapide ET long-terme.

J’applique moi-même cette stratégie, même dans d’autres domaines que les échecs. Sur YouTube par exemple, je cherche sans cesse à apprendre des erreurs de mes anciennes vidéos, pour que la prochaine soit encore meilleure.

“Cette phrase est mal dite”. “Ce montage est mal fait”. “J’ai loupé cette tactique”. “J’ai mal calculé à ce moment-là”. Tout ça, ce sont des feedbacks : Des retours sur tes performances, que tu peux utiliser pour t’améliorer et qui sont accessibles seulement si tu analyses tes erreurs.

Aux échecs, et partout ailleurs, les erreurs sont inévitables. La clé pour réussir est de les accepter et les utiliser comme un supercarburant pour la progression.