La Psychologie selon Bergson
- Texte de Bergson:
« La conscience est, dans un certain sens au moins, infaillible. D’où vient en effet que nos sens nous trompent si souvent ? C’est, dans bien des cas, que les choses sont autres qu’elles ne paraissent. Je crois apercevoir un cylindre et c’est un prisme, ou réciproquement. – Mais quand il s’agit d’un fait psychologique, la conscience ne peut pas le voir autrement qu’il n’est, car il est exactement ce qu’il paraît. Pour lui, paraître et être ne font qu’un. – […] Sans doute je puis croire qu’une épingle me pique, alors qu’il n’y a pas d’épingle, mais en cela ne consiste pas la sensation. Cette croyance n’est qu’une supposition relative à la cause de la sensation. Cette supposition peut être fausse, erronée ; mais pour la piqûre il n’y a pas de milieu : ou je crois la sentir et je la sens réellement, ou je ne la sens pas. – Il en sera ainsi pour tous les phénomènes psychologiques. Quelle différence fera-t-on entre se croire triste et l'être en effet, entre aimer et croire qu'on aime ? Les moralistes et les romanciers feront bien, il est vrai, une différence entre ces deux états ; ils s'évertueront à prouver sur des exemples qu'on croit éprouver un sentiment et que c'est là imagination pure. Mais ce qu’ils prouvent ainsi, c’est que le sentiment éprouvé n'était pas durable. On croyait qu'il durerait et il s'est évaporé. Tant qu'on a cru l’éprouver, on l'éprouvait incontestablement. – Donc la conscience a sur les autres facultés d'observation cette supériorité qu’elle ne peut pas percevoir autre chose que ce qui est, car elle n'a pas recours, comme les autres, a un instrument diffèrent d’elle-même, qui altère peut-être la vérité. » Dans Leçon de Psychologie et de Métaphysique
Bergson défend une vision introspective de la psychologie, c'est à dire une psychologie dont l'ensemble de la recherche serait intérieure.
Cette psychologie voit un recours à l'observation au travers de soi. Il n'y a aucun moyen d'observer les comportements spirituels par les sens. C'est la conscience, autrement dit la faculté à observer nos états intérieurs, qui nous le permet.
Bergson justifie cela par le fait que les faits psychiques n'ont pas de spatialité, c'est à dire que ces derniers n'ont aucune présence dans l'univers, ils sont interne à la psyché humaine. Autrement dit, observer l'esprit doit se faire uniquement en nous, par la conscience.
Il pourrait lui être rétorqué alors que nous serions dans une impasse si nous sommes en erreur. À cela Bergson répondra que l'observation de l'esprit est infaillible. C'est à dire que cette dernière ne peut être sujette à l'erreur. Ce que perçois l'esprit, ce sont ses états d'âmes, il n'y a pas de distinction entre observer une émotion et le ressenti de cette émotion. Si l'homme observe la colère, alors il est en colère
En psychologie, il n'y aurait guère d'hypothèse formulable, dans la mesure où l'on ne peut se demander si l'on a mal, si l'on est heureux, triste, "il y a sensation ou il n'y a pas". Son second exemple prend place dans la mesure où le roman n'est pas éloigné de la psychologie. Ce dernier pense même que la psychologie joue un rôle d'intermédiaire entre science et littérature. Pour lui, lire un roman, c'est lire des états intérieurs.
Tout état psychologique est un état conscient, il y a identité entre le paraître et ce qui est.
Bergson va jouer dans la distinction entre espace et temps de son second exemple. Un sentiment peut être jugé comme inauthentique, dès lors, il ne s'inscrit pas dans la durée (la tristesse de Françoise est factice parce que dès qu'elle ferme son journal, plus de tristesse ne s'empare d'elle). Pourtant, dans l'instant T, il n'y a de distinction entre factice et réalité, la personne éprouve la même tristesse que quelqu'un qui aurait vraiment le vécu. La durabilité du sentiment n'intéresse pas le psychologue, l'Observation en psychologie se fait dans le présent seulement.
Pour en savoir plus sur Bergson n’hésite pas rejoindre la forêt car plus de contenu sur la philosophie t’y attend.
Protagoras, le premier sceptique?

Distinguer le superflu de l'essentiel d'un objet (Husserl - Phénoménologie)

Pourquoi rigole t-on du malheur des autres?

Théoriser l'état de Flow au travers du sabre: Miyamoto Musashi

La Troisième Preuve en faveur de l'existence de dieu

Platon Vs Aristote (Partie 2)

Platon Vs Aristote (Partie 1)

La place de l'Expérience chez John Locke

Antoine Blanc de Saint-Bonnet, La Douleur

Être, c'est être perçu, Berkeley

Bertrand Russell et la Certitude Scientifique
